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Incorporation de graines de lin Un surcoût non compensé par les résultats zootechniques

Des études réalisées au début des années 2000 ont clairement mis en évidence que le profil en acides gras de la viande de porc était étroitement lié au profil en acides gras de l’aliment ingéré. Si l’effet a été confirmé sur les produits finis, ces résultats ne se retrouvent pas au niveau zootechnique dans les élevages, malgré le surcout de ce type d’aliment.

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D’après l’étude réalisée par l’Ifip, l’association Bleu-Blanc-Cœur et
l’Inra, il faut donc trouver un moyen de mieux valoriser
les produits issus d’animaux alimentés avec des graines
de lin.(© Terre-net Média)

L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) préconise pour sa part de relever le niveau d’apport en acides gras polyinsaturés, afin que le rapport ω6/ω3 tende vers 5 en nutrition humaine. Son utilisation dans les aliments d’engraissement s’inscrit le plus souvent dans des cahiers des charges orientés vers la production d’une viande de valeur nutritionnelle supérieure.

Cette recommandation s’est traduite au niveau des élevages porcins par l’incorporation de graine de lin, source végétale riche en C18:3n-3 précurseur de la famille des AGn-3. Le lin remplace en effet de plus en plus l’huile ou la farine de poisson, également source de ce précurseur.

« Il s’avère toutefois que la teneur en énergie nette de cette matière première est variable selon le procédé technologique appliqué », expliquait Nathalie Quiniou (Ifip), lors des JRP 2010.

Trois lots évalués

L’essai est mené sur des porcs (Large White x Landrace) x (Piétrain x Large White) avec un niveau d’apport de 3,5 % dans le cas de l’aliment gestation-lactation et de 2 % dans le cas de l’aliment croissance-finition. Trois lots sont constitués :

  • Lot 1 : les porcs ne reçoivent pas de graines de lin pendant l’engraissement (et issus de truies qui n’en ont pas eu) ;
  • Lot 2 : les porcs reçoivent de graines de lin pendant l’engraissement (et issus de truies qui n’en ont pas eu) ;
  • Lot 3 : les porcs reçoivent de graines de lin pendant l’engraissement (et issus de truies qui en ont reçu).
L’Ifip, en partenariat avec l’Association Bleu-Blanc-Cœur et l’Inra a donc mené l’enquête (encadré).

Objectif : quel sont les effets d’une incorporation de graines de lin sur les performances et la qualité de carcasse de porcs alimenté dès les aliments truies ou à l’entrée en engraissement par rapport à une conduite témoin (sans graine de lin) ?

Une première !

« Cette étude est, à notre connaissance, la première à tester les effets de l’incorporation de la graine de lin extrudée dans des conditions de formulation iso-EN », détaillait Nathalie Quiniou. En effet, jusque là, la priorité avait été donnée aux conséquences sur le profil en acides gras des produits finaux plutôt qu’aux performances zootechniques des animaux vivants. Cette option se traduit concrètement au niveau de l’élevage par une incorporation de graines de lin à un taux plus élevé par rapport à ce nouvel essai. « De plus, en général, les graines de lin sont comparées à d’autres sources de lipides plutôt qu’à une formule sans ajout de matières grasses. »

Pertinence des teneurs en énergie nette

Les résultats ne mettent en avant aucune différence de performance de croissance moyenne entre les porcs alimentés avec ou sans graine de lin pendant l’engraissement (quantité d’aliment ingéré, Gmq, IC…). Le fait d’apporter des matières grasses à la truie lors de la gestation agit bien sur « le potentiel de dépôt lipidique pendant la croissance ». Mais ce résultat ne se retrouve pas de manière significative au niveau de l’aliment ou de la composition de carcasse entre le lot 1 (absence de graines de lin chez les truies et lors de l’engraissement) et le lot 3 (graines de lin chez les truies et pendant l’engraissement) n’est observée, « à l’exception du Gmq en début d’engraissement ».

« Notre étude confirme la pertinence des teneurs en énergie nette établies par Noblet en 2008 pour la graine de lin extrudée », affirmait Nathalie Quiniou. « Nos résultats indiquent que le surcoût alimentaire induit par cette formulation ne peut pas être compensé par les écarts observés seulement sur le Gmq en croissance et le pH24. Il faut donc trouver un moyen de mieux valoriser les produits issus d’animaux alimentés avec des graines de lin. »

Cette première étude en amène une seconde, selon la spécialiste de l’Ifip : « une étude complémentaire menée dans des conditions sanitaires plus difficiles serait à envisager », concluait-elle.

Pour aller plus loin

Ifip-Institut du porc : www.ifip.asso.fr.

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